• Le pré des étoiles

    L’astronome amateur est souvent captif de sa passion.

     

    Pour peu qu’on lui laisse un peu d’espace, il aime à délivrer ses explications sur le troublant comportement des trous noirs.

     

    Mais force est d’admettre que l’auditoire a quelquefois envie de se « faire la belle », plutôt que de succomber aux attraits de la belle étoile !

     

    Reconnaissons le, et il suffit de capter certains regards implorants,pour comprendre que Nous « Autres », nous pouvons de bonne foi, devenir importuns, voire insupportables.

     

    Bref, il nous faut parfois partir en cure, oublier cette canalisation gisant sur un chantier et qui ferait bien sa mue en tube de télescope, ce miroir grossissant, dans la parfumerie, et qui irrésistiblement nous fait penser à…

     

    Comment se débarrasser du syndrome persistant du « nez en l’air »  sinon en retournant sur terre à l’occasion d’activités normales.

     

    Ce dimanche donc, j’accompagnai ma petite tribu lors d’une promenade normale, bien décidé à humer les senteurs automnales tout en admirant les teintes de feu dont les arbres aiment à se parer en cette saison.

     

    Dans un pré à la verdeur digne d’une peinture impressionniste, trois splendides chevaux, fins et musclés, se repaissaient de cette herbe providentielle.

     

    Complétant ce tableau, un solide gaillard s’activait autour d’un brasier odorant qui déroulait un panache blanchâtre dans l’air rafraîchi de cette fin de soirée.

     

    En arrêt devant les magnifiques pégases, nous dûmes attirer son attention et il se mit à nous parler de ses pouliches, d’une voix emprunte de douceur, contrastant avec sa carrure de travailleur acharné tout dévoué à la terre.

     

    Il me faisait penser au bédouin du cultissime « Ben Hur » qui s’adressait à ses juments comme à ses propres filles ( aux noms si évocateurs : Aldébaran, Altaïr, Bételgeuse, Rigel). Avais-je un pressentiment ?…

     

    J’appris donc que l’une de ces bêtes était la descendante d’un ancien vainqueur du Grand Prix d’Amérique, que son fils et lui se consacraient à l’élevage de trotteurs de compétition, et bien sûr le petit nom de chacune de ses princesses.

     

    Loin de l’astronomie vous disais-je, simplement en promenade d’automne… 

     

    Ces pouliches racées et bien nées :

     

    « Simba des étoiles »

    « Nikita des étoiles »

    « Poésie des étoiles »

     

    Et oui, chacune des productions de cet élevage est labellisé « des étoiles » !

     

    Quand j’ai confié à ce personnage aux accents enfantins (et roulant des « r » comme personne) mon affinité avec les étoiles du firmament, sa réaction fut des plus touchantes.

     

    « C’est merveilleux, je passe des heures à regarder le ciel, ça c’est vraiment merveilleux… »

     

    Etonnante rencontre, un pré, pas trop loin de chez moi.

     

    Et si un de ces soirs nous observions ensemble dans le pré des étoiles !

     

     

     

     

     

     


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