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    Il advint une nuit qu'un chérubin déposa au creux de mon oreille son chuchotement divin.

    Entre ses ailes déployées et dans un pays lointain, naquit alors un songe qui m'offrit la douceur d'un baume inconnu et qui exhalait le parfum délicat de la fleur de laurier.

    Sous un soleil ni brûlant, ni éblouissant, simplement soleil, je me trouvais aux abords d'une modeste bâtisse blanche et dépouillée de dorures.

    Je la devinai habitée d'une indicible bonté.

    Guidé et libre à la fois, je m'approchai pour en faire le tour.

    Un sentiment inconnu tout de plénitude, d'un bonheur infini m'emplit alors.

    Le plus haut du plaisir, celui d'être, tout simplement, et d'être aimé sans limite.

    Puis animé par cette simple révélation, « il est là » , dans cette maison,  je me suis élevé  vers des sommets de tendresse qui apaisèrent mon âme.

    J'approchai davantage.

    La maison devint palais veiné d'un rose lumineux qui empourprait toute sa façade sculptée de dentelles de marbre.

     Mon cœur ressentit ce temple d'harmonie épousé par une inaccessible splendeur et qui rayonnait depuis la nuit des temps en son sein.

    Captif et libre à la fois, je rêvai de pénétrer cet écrin qui attirait mes sens pour mieux les ravir.

    Envoûté par cette fulgurante évidence, « elle est là », je m'apprêtai à me consumer jusqu'à la mort.

    Je me suis réveillé avant même de voir ou deviner ce qui est au-dessus du monde, de retrouver celle qui pouvait rivaliser avec la plus belle des aurores.

    Ce rêve, cet élixir d'éternité, laissa longtemps dans ma bouche le goût de l'Amour absolu.

    Une ivresse qui rend encore mon souffle court.

    Comme si les chérubins sous leurs ailes déployées m'accordaient encore le privilège de goûter la saveur du Paradis, pour en témoigner.

     

     

     

     

     

     

     


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  • Je le confesse le croyant est un peu déroutant.

    Il a quelquefois cette propension maladive à voir des signes partout, et en tous lieux.

    N’a-t-il pas cru dans un passé peu glorieux, vaincre le signe indien en organisant l’extermination d’innocents au pays d’El Dorado ?

    Ce trait de caractère, de mauvais caractère pour celui qui se croit trop facilement investi d’une mission supérieure est en quelque sorte « consubstantielle » à sa nature.

    La fréquentation de l’invisible peut conditionner le plus rationnel d’entre nous.

    Le croyant aime le signe quel que soit celui sous lequel il est né.

    Quand la superstition flirte avec la foi même sincère, il ne faut nullement s’étonner qu’elle engendre un désir inavoué, comme celui de deviner un dessein divin dans le quotidien le plus banal, la situation la plus évidemment fortuite…

    Ce 1er mai débutait sous le signe de la pluie et de la fraîcheur, véritable injonction à se replier dans les salles obscures qui accueillent sans sourciller les réfugiés climatiques.

    L’idée originale nous conduisit après de tortueuses déviations occasionnées par une course cycliste, à la file d'attente interminable qui s’était formée aux guichets d'un cinéma.

    Clap de fin pour la séance, exode, à deux vers notre autre lieu d’élection, une terre promise de plaisirs innocents et mesurés.

    Le pub de style anglais, style qui m’indispose dès qu’il s’agit de rugby (Dieu me pardonne !), fut donc l’occasion de faire baisser la pression.

    Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes au moment de déguster une bière comprimée dans un fût.

    Après cette escale régénératrice, nous décidâmes d’arpenter les rues quelque peu désertées du centre ville.

    Notre balade était rythmée par des clameurs timides et des coups de sifflet significatifs de la compétition cycliste qui se déroulait non loin.

    Un après-midi contrarié  mais qui promettait de s’achever dans la tranquillité d’un retour sans histoire à la voiture.

    A l’angle d’un vieil immeuble d’allure  haussmannienne," il "tomba du ciel.

    Un bruit sourd, terriblement inhabituel, comme une grosse gifle mouillée claqua sur le bitume.

    A quelques mètres de nous, un minuscule bestiau gris à tête de Chihuahua, rampait avec peine tout en miaulant faiblement.

    C’est qu’il était plus félin que Chihuahua !

    La surprise passée, ainsi que les tournures poétiques d’usage qui incriminent toujours d'innocentes  femmes dites "légères", nous nous approchâmes rapidement de la pauvre petite bête.

    Il s’agissait d’un ange de toute évidence déchu de son trône, un balcon situé au 1er étage de l’immeuble.

    Une passante tout aussi en émoi, l'autre témoin de la scène du drame, se chargea de sonner aux portes, d’ameuter, pendant que nous assurions les premiers secours à l’infortuné innocent.

    Doucement, je glissai ma grande « paluche » sous le ventre délicat du singulier chat aux grandes oreilles.

    Madame caressait quant à elle délicatement le crâne du drôle d’Icare malgré lui, pour l’apaiser et le rassurer.

    Lui, il ne risquait cependant pas de se briser une aile !

    Je vis bien malgré tout qu’une de ses fragiles petites pattes avait souffert dans la chute depuis le Soleil.

    Sur la paume de ma main, les battements affolés de son cœur impulsaient de légères décharges glacées qui me faisaient frissonner. 

    Désolé de ne pouvoir le soulager sur l’instant, je lui disais toute mon impuissance à susciter un miracle.

    Et il miaulait à intervalles réguliers, douleur audible et déchirante du minuscule naufragé d’un balcon de fer forgé noir.

    La porte de l’immeuble complice de l’expulsion violente de l’innocent animal s’ouvrit enfin !

    Après une ascension interminable d’au moins deux minutes, et quand s’ouvrit à nous le foyer du félin escamoté, mon estomac se dénoua.

    Un colosse tatoué et barbu, que côtoyait une frêle jeune femme, portant un bébé dans les bras, nous accueillit dans un appartement plutôt cossu.

    Cet ogre nous surpris d’abord en grondant vertement le petit chat, alors même que le bonheur de retrouver la mascotte de la maison aurait dû le faire bredouiller.

    « Ne lui faites pas de mal … » ne put s’empêcher de supplier ma compagne encore sous le choc des propos du géant à l’allure d'ogre, mais en plus massif.

    Au sourire de la jeune mère de famille, à la douceur de sa voix, de ses remerciements réitérés, et le «Et vous croyez quoi ! » d’Hercule, le papa, nous comprîmes qu’il était surtout abasourdi de retrouver le petit Sphinx à la porte de son Empire.

    Et pas sur le balcon, tel qu’il l’avait sûrement laissé assoupi.

    Comme une incantation, je répétais : « la patte arrière droite, la patte arrière droite ! » pour indiquer au grand costaud qui tenait le félin retrouvé, que ses mains de Grizzly, devaient ménager particulièrement ce côté du petit blessé.

    Nous devions donc aller au cinéma, éviter une course cycliste, et subsidiairement, acheter un brin de muguet à quelque vendeur à la sauvette.

    Encore sous le coup de nos émotions, nous avons, malgré tout, assisté à l’arrivée de la course cycliste, et trouvé surtout un vieux copain tout heureux de nous revoir après sa longue maladie.

    Il n’était pas près de se « refaire le Ventoux », mais col après col, il gagnait à nouveau le monde des bien portants.

    Je ne pus m’empêcher de sourire, alors que notre ami s’enflammait quant aux très riches heures du « Tour » à venir.

    Tout aussi attendri par sa passion, qu’amusé par le regard implorant de Madame  qui nourrit pour cette épreuve un intérêt tout de retenue…

    J’ai, du coup complètement oublié l’achat du muguet qui porte bonheur, et le 1er mai s’acheva  paisiblement, sous le signe des retrouvailles.

    Ce brin de muguet reste donc la seule chose qui n’est pas tombée du ciel, en cette journée particulière.

    Quelques temps après, nous prîmes à deux mains, non pas cet adorable, singulier, et divin  matou, mais notre courage, pour nous enquérir de sa santé.

    Une vilaine fracture ouverte sur la patte au diamètre de brindille de l'animal fut heureusement réduite, et nous le vîmes nous considérer avec un presque dédain.  

    Notre  Spynx du premier mai avait bien retrouver toute sa noblesse mystérieuse !

     





     




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  • Quitter le tombeau

    Entrer en résistance

    Marcher sur les os

     

    Gagner le maquis

    Abandonner nos palais 

    Congédier la mort

     

    Briser le glaive

    Compagnonner et rire

    Savourer demain

     

    Marcher sans repos

    Jusqu'à s'offrir à l'autre

    Plus forts que nos peurs.


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  • Tac-o-tac… tac-o-tac… tac-o-tac.

    Fait le Pic-vies

    Otacotacotac…

    Lui répond le funeste écho.

    Des hommes,et leur regard désespérément sans réponse s’entassent dans la rocaille, certains lèvent les yeux au ras du cratère, d’autres questionnent le ciel.

    Tac-o-tac… tac-o-tac… tac-o-tac.

    Passe donc ton chemin Pic-vies !

    Otacotacotac…

    Insiste toujours le fidèle écho

    Tac-o-tac… tac-o-tac… tac-o-tac.

    Tant qu’il y' a de la vie !

    Otacotacotac…

    Du désespoir à donner, répète l’écho

    Tac-o-tac… tac-o-tac… tac-o-tac.

    Le Pic-vies délivrera son chapelet de mauvais coups…

    Otacotacotac…

    A l’écho cette fois là, le grondement assourdissant d’une bouche en fusion va répondre.

    Le Pic-vies délaisse les insectes de la butte et impose silence à son écho.

    Des hommes qui épousent de leur corps la fosse refuge, se tournent unanimement face contre terre, bras rempliés sur la tête, yeux fermés.

    Fragiles, livrés au souffle des dragons, mais vivants.



    Voilà ma version bien dérisoire, de la bataille que tu livras avec d’autres, non loin d’un monastère en Italie.

    Trop jeune pour te questionner autrement que sur une prétendue épopée glorieuse qui aurait fait forcément de toi mon héros « flingueur », tu ne m’as laissé volontairement, je le comprends maintenant, que des détails sur cette tourmente absurde.

    Hormis ces cicatrices multiples sur tes larges épaules, ce creux anormal sur le côté du genou, souvenirs d’éclats mordeurs et trancheurs d’artère, j’ai gardé en mémoire deux de ces « détails », tes concessions à mes interrogations de gamin.

    Dans la montagne, quand les batteries allemandes tapies dans la roche entraient en action, on voyait par intermittence, comme en plein jour !

    J’imaginais, je racontais, avant bras dressé comme un canon, puis je mimais aux autres gosses du quartier, je gonflais les joues et puis je grondais, tout en postillonnant sauvagement alentour.

    De même, le bruit significatif d’une rafale d’arme automatique ennemie c’était le « Tac-o-tac…tac-o-tac… »

    Ca, je m’en souviens, et au regard de grands gamins qui s’intéressent à l’Histoire, cette expertise suscite encore l’admiration !



    Tac-o-tac… tac-o-tac… tac-o-tac.

    Fait le Pic-vies

    Otacotacotac…

    Lui répond le funeste écho.

     




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  • Et j'effleure le mal

    D'une voie fatale, en toi

    Pour l'émoi royal.


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