• Un lézard florissant.

    Sur un éblouissant muret surchauffé, ondulait un lézard moucheté.

    Rien de bizarre au soleil du zénith, dans cette chaleur de mirage.

    Il fut rejoint par un congénère tout droit venu de Zanzibar.

    Un fameux bavard.

    « Je suis, tu es, nous sommes aussi les tsars, les stars de l’escamotage ! »

    Il poursuivit, peu avare de paroles.

    « Sans « Z » nous disparaissons »

    « Comment ça, sans aide, nous disparaissons ? » interrogea, curieux  le squamate à l’arrêt.

    « Bougre de rampant de bazar, nous sommes par les arts du camouflage ! » répliqua l’autre reptile de Tanzanie, échoué sur une pierraille brûlante.

    « Lézards du camouflage ? » se hasarda le moucheté, piqué au vif.

    « Il suffit d’une lettre pour tout changer de notre état »  projeta d’une langue fourchue, le singulier  de Zanzibar.

    Normal, pour un ami des beaux arts.

    Emporté par sa fougue, celle là même qui le fit se perdre depuis son Afrique natale, il enchaina,  figé sur le muret aveuglant :

    « Il y’a le mot qui enivre, et celui qui sonne creux…l’écrit vin et l’écrit-vain »

    Habitude de lézard, il ne frémissait même pas, alors même qu’il s’excitait.

    « Drôle de zèbre » ne put s’empêcher de penser l’autre qui n’ondulait plus depuis un certain temps, celui de la rencontre avec ce zoulou à la langue bien pendue.

    Envoûté par ses propres formules, l’exotique squamate, ne songeait plus à se dorer, comme tout lézard commun :

    « Concevez qu’avant d’être thésard , en « T » par son mémoire, le brillant étudiant n’est qu’un

    tétard ».

    « Hanté par son mémoire …ce diable joue sur les mots »  pensa très fort le reptile agacé, et il regrettait d’avoir dû, contre son gré, accueillir le singulier étranger sur son muret.

    Sûrement, ce lézard aux talents de sorcier, lut dans l’esprit du moucheté :

    « Certes je cherche belles et buts, des monts et merveilles mais mon talent saute aux yeux ! » s’enflamma le subtile reptile.

    Un jeune malabar, du nom de  Balthazar, et qui passait par là, remarqua le spécimen de Zanzibar.

    Le solide provençal, ne put heureusement conserver, comme unique trophée, que la queue frétillante du verbeux lézard, en fuite.

    Le moucheté, que son insignifiance avait préservé d’un sort funeste, se trouva un autre recoin tout de chaleur,  pour méditer sur les sentences de son cousin d’Afrique.

    Il finit par s’avouer :

    « Il est bien comme tous les autres, sans un usage à propos de sa queue, ses belles paroles ne suffiraient pas à faire de lui un lézard libre »

     

     

       


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